(English Statement below)

La société dans laquelle nous vivons, le contexte global qui la domine tant sur le plan politique que social, économique ou environnemental, n’offre pas de motifs qui permettent d’être optimiste pour l’avenir. De nouveaux problèmes apparaissent ou se rappellent à nous quotidiennement.

J’ai écrit ces premières phrases en 2018. Et je fermais ces énoncés par:

Il faut innover, chercher de nouvelles solutions; la tradition et l’usage sont obsolètes.

On n’y est pas!… Quoique la conjoncture (depuis 2020 – déjà deux ans) nous force un peu à voir différemment.

Le verre est un médium utilisé depuis plusieurs milliers d’années et est assujetti à des techniques aux règles strictes. Est-ce que je peux m’affranchir de ces règles? J’entre alors dans des zones interdites et découvre (ou redécouvre) un verre avec lequel je peux conjuguer le drame de notre monde en transition.

Mon verre est déchiré, à la fois opaque et transparent, parfois fendu. Je le conserve autant que possible brut, carré et tranchant, comme reçu de cuissons intenses et répétées. Sa complexité est mise en évidence. Je travaille et manipule un verre qui s’oppose aux caractéristiques habituellement recherchées : fluidité, douceur, transparence, luminosité, pureté, finesse, élégance, perfection, fragilité, etc. Des phases rocheuses ou dévitrifiées se mêlent à sa fluidité habituelle, une danse ou un combat s’établit au sein du médium. J’explore ce monde de mouvements, de transitions et me laisse surprendre par le résultat issu de ces forces en conflit.

Depuis 2020, j’ai également été forcé de chercher de nouvelles façons de faire. Alors, s’ajoute au verre, un travail numérique plus important: je continue les impressions 3D et je donne plus de place à la création de macrophotographies, de films, de musiques, de fresques lumineuses et d’images numériques.

Cette association me permet d’orienter, d’enrichir, d’interpréter le propos suggéré par les nombreuses cuissons. Alors que mon verre est devenu sauvage et non bridé, le numérique est assujetti à mes aspirations. Je l’emploie pour établir un contact, pour entrer en communication avec ce verre. Je peux soit exacerber les tensions déjà présentes, soit créer un nouveau discours, soit simplement mettre en place un décor qui accueillera le verre non domestiqué.

J’explore à travers ces techniques, les particularités de mon verre, un monde caché, un univers à découvrir, une matière qui s’exprime. Dans une dimension autre, je dénonce le présent ou je retrouve le beau, le surprenant, l’inconnu et le fantastique.

(octobre 2021)

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 Statement

The society in which we live, the global context that controls it, politically as well as socially, economically or environmentally, does not provide grounds for optimism in view of the future. New problems appear or come back to us daily.

I wrote these first sentences in 2018. And I closed these statements with:

We must innovate, look for new solutions; tradition and norms are obsolete.

We are not there! … Although the conjuncture (since 2020 – already two years) forces us to see fairly differently.

Glass is a material thousand-year-old medium, and the art is subjected to strict rules throughout. Can I break some of these rules? I then enter forbidden areas and discover (or rediscover) a glass which illustrates the tragedy of our world in transition.

My glass is torn, both opaque and transparent, sometimes split. I keep it as much as possible raw, square and sharp, as produced by an intense and repeated kiln fusing processes. Its complexity is highlighted. I work and handle a glass that is often in opposition to the characteristics usually sought fluidity, softness, transparency, brightness, brilliance, purity, finesse, elegance, perfection and fragility. Rocky or devitrified phases of glass are mixed with its usual fluidity, a dance or a fight is observable within the medium. I explore this world of movements, transitions and let myself be surprised and astonished by the result of these conflicting forces.

Since 2020, I have also been forced to look for new ways of doing things. So, in addition to the glass, a more important digital work: I continue the 3D prints and I accentuate the space for macro photographs, films, music, video mapping artworks and digital images.

This association allows me to direct, enrich, interpret the subject suggested by the many kiln firings. While my glass has become wild and unbridled, digital work is where I can let my creativity flow. I employ it to make contact, to communicate with glass. I can either exacerbate tensions already present, express a new idea, or simply set up a decor that will host this non-domesticated glass.

I explore through these techniques, the peculiarities of my glass, a hidden world, a universe to discover, a material that expresses itself. In another dimension, I denounce the present or I rediscover the beautiful, the surprising, the unknown and the fantastic.

(October 2021)